obssesion

Petite, l'état de d'orthopédie étant ce qu'il était, j’ai eu droit aux chaussures orthopédiques et que cela pour marcher, pendant des années. Et pour dormir, des bottes. Non je ne plaisante pas, des bottes avec un fer qui les unissait et qui tournaient les pieds en dehors, des bottes d’abduction.

Cette torture c'était à cause des traditionnels pieds plats et un genou valgum vers 3-4 ans.

Imaginez la bête quand elle courrait avec les genoux en dedans ! Rarararara, très malengoncée.

Et pour dormir alors? Les bottes faisaient une cabane avec le drap quand je me mettais sur le côté, bouger d'ailleurs était difficile, mais surtout ce n'était pas du tout confortable et très stigmatisant. Ah oui, et je n'avais pas de 2ème coussin sous les rheins comme sur le dessein (cen'est pas une faute c'est pour rhymer).

Je ne sais pas si ce traitement était préconisé depuis longtemps et j’arracherais les oreilles de celui qui a pensé que c’était la solution. Un médecin sans doutentrès malin a pensé que c’était le bon traitement. Bref, je me méfie des médecins.

De cette petite anomalie (je vous rassure, je n’était pas difforme), qui dans la majorité des cas se corrige toute seule avec le temps et le développement normal de l’enfant, j'ai hérité des années de danse classique, puis moderne, puis contemporaine, puis...., une hyper extension des genoux et un goût prononcé pour les chaussures. 

Non, c’est vrai, je ne sais pas si ça vient de là, mais ça faisait une jolie introduction à mon billet, ça change un peu des sapes, des sapes, des sapes.

Et puis ça me permet de régler un compte avec l’idiot d'orthopédiste ami de mon père qui nous suivait. Quand mon petite frère a été en âge d'être diagnostiqué pour ça, lui aussi avait le pied plat, mais son traitement était marcher pieds nus. Ah ! J’espère que depuis cette torture soit définitivement disparue. Mais j'ai entendu que l'orthopédiste en question est devenu acupuncteur.

La seule paire de chaussure pas orthopédique, j’ai eu à l’occasion du mariage d’une cousine, pour lequel j’ai été demoiselle d’honneur. Des belles chaussures de poupée. Je me souviens parfaitement elles étaient blanches et se fermaient avec un bouton.

Les années ont passées. Je me rappelle d'être au collège quand j'ai acheté ma première paire de chaussure avec « mon argent » et toute seule, mon premier achat, je crois. C'était des espadrilles compensées en toile rouge avec semelles en corde et un lacet qui faisait le tour de la chaussure et qu'on nouait à la cheville. L’été dernier ça c’est beaucoup vu, chez Castaner, Pare Gabia ou encore Les Tropéziennes et cette saison elle fera encore des ravages, la espadrille compensée.

Ca doit faire dans les 30 ans et ma mémoire est intacte ! Les lacets me faisaient mal à la cheville, et la chaussure me faisait mal aux coussinets.

Je l'ai gardée très longtemps dans le placard, très très longtemps. Je ne les ai pas beaucoup portées parce qu'elles me faisaient mal, bien que le talon ne faisait pas plus de 4 cm, je n’arrivait pas à marcher normalement. La première fois elles m'ont gâché la journée. Hélas, à mon grand regret, je n'ai jamais su marcher avec des talons. Malgré cet handicap j'ai quand-même porté beaucoup de escarpins quand j'étais adolescente, pas seulement ça faisait un mal fou aux coussinets mais en plus ça écrasait les orteils. Comme j'étais habituée à souffrir avec les chaussures de pointe, pas de problème, je supportais une soirée en boîte avec une paire de escarpins blancs ou fuchsia. On connait toutes l'adage, il faut souffrir pour être (re)belle.

Il y a quelques temps j’ai racheté une paire de escarpins argentés de Steve Madden, trop belles, argentés avec une boucle jaune ou rose fluo qui leur donnait un côté rock'roll d'enfer. Je les ai portés qu’une fois et j’ai failli ne pas pouvoir marcher jusqu’à la voiture en sortant du restaurant. J’ai acheté une taille en dessous, parce que c’était la seule paire qu’il y avait chez Mistigriff  (ma mine d’or) ce jour là. Je les ai gardés 10 ans dans le placard à pompes, je ne m’en suis séparée qu’il y a quelques jours ; j’ai donné à une asso qui depuis peu met des containers pour récupérer les vêtements et chaussures.

 

Il y a eu aussi une paire de chaussures en cuir bicolore, celles-ci j'en ai bien profité. Elles étaient plates, pointues, vertes et bleues, color-block avant l’heure, elles se nouaient aussi autour de la cheville, leur seul défaut. Aujourd’hui elles seraient toujours très belles, je les ai usées jusqu’à la corde.

 

J’apprécie, je tombe amoureuse, je vibre pour de tas de chaussures. J’aime les grosses chaussures, j’aime les délicates, les hautes, les basses, les masculines, les féminines, les sandales, les bottes, les tongues, les salomés. Je n’ai aucun préjugé. Le fait que je n’arrive pas à marcher avec les haut talons ne m’empêche pas de les apprécier, ni de les acheter d’ailleurs, en me disant (comme pour un nouvel amoureux) qu'avec celles-ci ce sera différent, j’arriverai. Depuis peu j’ai découvert à Lyon des cours pour apprendre à marcher avec des talons. Vite, je cours chercher où, quand comment. Je me suis même inscrite mais j’ai eu un concert ou un autre programme ce jour-là et je n’ai pas pu y aller.

La dernière paire qui me fait rêver en ce moment c’est les sneakers compensés d’Isabel Marrant. Elles coûtent un bras et on lit qu'aussitôt sorties elles disparaissent. Elles ne sont pas de cette saison, mais parfois un superbe produit met longtemps à être identifié. Comme une bonne musique qu’on entend pour la première fois, peut ne pas plaire. Et ce n’est qu’après plusieurs écoutes qu’on saisi toute sa richesse. Les Willow sont comme ça.

à suivre...